Vous êtes sur la plage, le soleil est haut dans le ciel et à travers vos doigts de pieds en éventail, vous contemplez l’océan… son bleu dérangeant, son immarcescible beauté, sa platitude fatigante.
Parce qu’il faut bien le dire et l’expérience sensible le prouve, de là où vous vous trouvez, la Terre est plate !

Pour autant, vous affirmez le contraire, on vous l’a seriné depuis assez longtemps, en dépit de ce que vous avez sous les yeux. Qui a raison, eux ou vous ?
Comparer et mettre en regard le savoir livresque et les irritations de surfaces, rabattre la théorie sur le témoignage. Pour cela, prenons du recul.

La rotondité de la Terre est la conséquence d’une chaîne causale mathématique, sa platitude est une approximation tangentielle. Érathostène, le premier, prouve par une observation et un savant calcul trigonométrique que la Terre est ronde. Plutôt il dit : « L’axiome de la platitude de la Terre ne permet pas d’expliquer ce que je constate, mais l’hypothèse d’une Terre ronde le peut ». Or des deux il faut trancher et choisir celle qui permet de dire le plus avec moins. C’est le principe du rasoir d’Ockham.
Sauf que sur votre serviette de bain, oint d’une huile bronzante, en accord avec ce principe, la thèse d’une Terre plate est la plus simple et la plus à même d’expliquer ce que vous voyez.

Quelle observation peut mener à revoir votre théorie ? À notre niveau, c’est-à-dire à notre échelle, la Terre est plate et il faut être marin ou pilote de ligne pour avoir besoin d’autre chose, car même vue de loin, nous pouvons prétendre que la Terre est plate et que c’est un disque (puisque l’intersection d’une sphère et d’un plan).

Prouver que la Terre est plate équivaut à montrer que nous sommes près et petit comparé à ses dimensions. Si Dieu a fait l’homme à son image, il n’a pas fait le monde à sa taille.