Les maths font leur cinéma, part. 2

Un homme d'exception de Ron Howard (2001)

Maths et folie forment un bon couple narratif. Ils sont nombreux, Cantor, Gödel, Baire... à avoir franchi la frontière qui sépare une vie spirituel intense d'un dérangement. On peut s'attendre à d'autres films, on ne manipule pas les concepts sans en payer le prix ! "Grand pouvoir et grande responsabilité" comme dirait l'autre.

John Nash, économiste et mathématicien, a lutté, à l'aube de sa carrière scientifique, contre une schizophrénie invalidante, obérant ses résultats et ses recherches. De là à penser que la théorie économique est ce qui reste quand on n'a plus les moyens d'être le meilleur en mathématique... est un pas que le réalisateur semble vouloir faire sans le savoir. On voit ainsi John Nash, chargé comme un cycliste du tour de France, vouloir montrer l'hypothèse de Riemann alors qu'il n'est manifestement pas capable de nouer sa cravate. Ce qui est historiquement est faux, Nash travaillait sur ce sujet, cherchant la gloire et le succès, dès la fin des années 1950, sa maladie apparaît plus tard.

Large d'épaules et mâchoire carrée, Russel Crowe joue un contre-emploi convaincant dans cette adaptation de la biographie de Sylvia Nasar (une journaliste économique...).

Pi de Darren Aronofsky (1998)

Max, un mathématicien surdoué pense comme Galilée que : "La nature est un livre écrit en langage mathématique". Il cherche dans les décimales de $\pi$, à l'aide d'un ordinateur qu'il a fabriqué lui-même et qui occupe l'essentiel de son appartement, les valeurs de la bourse ou les spirales du vivant. Mais son travail, auquel personne ne croît, vire à l'obsession et Max sombre dans une paranoïa sans issue.

La thèse mathématique centrale du film est de savoir si toute séquence donnée de nombre se trouve dans les décimales de $\pi$, autrement de savoir s'il est un nombre univers, ce auquel cas le scénario serait moins dramatique. Le personnage de Max est inspiré des frères Chudnovsky, David et Gregory, deux mathématiciens ukrainiens qui vivent à New York au milieu d'ordinateurs géants qu'il fabriquent eux-mêmes. Ils détiendront en 1994 le record du nombre de décimales de $\pi$.

Dans le genre cinéma de guérilla, films produits avec peu de moyen et des acteurs inconnus, Pi est un chef-d'œuvre noir et angoissant qui mêle folie et mathématiques avec brio.

Cube de Vicenzo Natali (1997)

Dans le même genre que le film précédent, preuve que l'époque était friande, Cube est un film de science-fiction et  d'horreur à petit budget, parfaitement réussi.

Un groupe de personnes se réveillent dans une prison constituée de pièces cubiques. Au péril de leurs vies, ils découvrent que les pièces représentées par des nombres premiers sont piégées et que le chemin vers la liberté repose sur la décomposition en facteurs premiers de grands nombres représentant les autres pièces.

Devant le succès, deux autres films sortiront, sans intérêt.

Will hunting de Gus Van Sant (1997)

Succès commercial sur un scénario librement inspiré de la vie de Ramanujan et écrit par Matt Damon et Ben Affleck, par ailleurs à l'affiche du film, Gus Van Sant met en scène le destin d'un homme surdoué et autodidacte en mathématiques. Contraint par la justice à une thérapie suite à une énième condamnation pour violence, Will Hunting (Matt Damon) rencontre Sean Maguire (Robin Williams), un thérapeute original et entame avec lui le chemin intérieur qui mène à la reconstruction.

Efficacité et fin heureuse, le duo de scénaristes produit un arc narratif convenu agrémenté de belles surprises sur un thème rare au cinéma, les mathématiques. Un drame divertissant, riche en émotions et chargé de puissantes performances d'acteurs.

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